INFRASTRUCTURES L’état alarmant des ponts dans la province du Haut Uele, une menace pour la connectivité territoriale
La province du Haut Uele, située au Nord-Est de la République démocratique du Congo, est confrontée à une situation préoccupante : les ponts qui enjambent les rivières de la région sont dans un état de délabrement avancé. Construits principalement sous le pouvoir colonial ou lors de l’ère du Président Mobutu, ces ouvrages essentiels sont désormais menacés de céder faute de maintenance , risquant ainsi de couper les territoires les uns des autres. Cette situation interpelle les autorités, soulève la nécessité d’une politique de réhabilitation afin de maintenir la connectivité territoriale.
Au sein de l’association des ingénieurs et architectes du territoire de Watsa, une Asbl qui regroupe les professionnels du génie civil, l’inquiétude est totale. Ces professionnels, témoins du délabrement des infrastructures, lancent une interpellation pressente à l’Etat pour impulser une politique de réhabilitation et de maintien des ponts existants.
Depuis des décennies, les ponts sur les rivières Dungu, Kibali, Nzoro, Bomokandi, pont Gada PK 21 … qui relient les territoires de la province du Haut Uele ont été négligés par tous les gouvernements tant nationaux que provinciaux qui se sont succédés. Construits soit à l’époque coloniale ou durant les années Zaïre sous le régime du Président Mobutu, ces ouvrages ont été initiallement conçus pour résister à des charges bien inférieures à celles qu’ils supportent actuellement. L’augmentation de trafic et des charges au fil des années a mis à rude épreuve ces infrastructures vieillissantes, menaçant ainsi la sécurité des populations locales.
Dans un entretien avec l’Ir Christophe Dema , président de l’association des ingénieurs et architectes du territoire de Watsa, ce dernier souligne l’urgence d’une politique d”inspection minutieuse et evaluation technique continue des états des ponts par les services compétents, afin d’éviter les défaillances prématurées et les dépannages d’urgence répétitifs. Au lieu d’attendre que les signes de délabrement se manifestent, il est primordial d’adopter une approche proactive en matière de maintenance et de préservation des ponts existants; cela permettrait de prévenir les accidents et de garantir la sécurité des usagers, conseillet-il.
Cette Association des professionnels des génies a l’art de bâtir en appelle à la responsabilité et la volonté politiques, tant et si bien qu’ils sont prêts à apporter leur expertise et leur accompagnement dans ces travaux. Il revient donc à l’État de prendre les mesures nécessaires pour assurer la pérennité de ces infrastructures vitales pour la province du Haut Uele en particulier et de la RDC en général.
Par ailleurs, cette Asbl suggère que l’État organise le pèse des charges le long des voies fréquentables. Cela permettrait d’éviter que les ponts ne se dégradent prématurément en raison de surpoids ou de surcharge. Une gestion rigoureuse des charges serait un moyen efficace de prolonger la durée de vie des ponts existants, en attendant d’éventuelles nouvelles constructions. Pas seulement pour payer les taxes
Pour maintenir la connectivité territoriale et éviter l’isolement des territoires, il est impératif que des mesures concrètes soient prises. La réhabilitation des ponts existants, la mise en place d’inspections régulières et la gestion rigoureuse des charges sont autant de solutions proposées par les professionnels du génie civil qui peuvent contribuer à préserver ces infrastructures vitales. Il est temps que l’État agisse pour garantir la sécurité des usagers et assurer le développement harmonieux de la province.
Antoine Munguetsoni/La Cloche RDC.