
Dans un contexte où la République Démocratique du Congo cherche à reprendre le contrôle de sa souveraineté alimentaire, un tournant décisif s’amorce avec la validation imminente d’une nouvelle feuille de route pour le secteur semencier, c’est la raison de la ténue à Lubumbashi depuis ce Mardi 23 septembre 2025. Lors d’un discours dense et structurant de 45 minutes, le Ministre d’Etat à l’Agriculture et sécurité Alimentaire, M. Muhindo Nzangi Butondo, a livré une vision ambitieuse pour repositionner l’agriculture comme second pilier du développement national.
Conscient du retard cumulé de la RDC en matière de rendement agricole (parfois limité à 800 kg/ha contre 10 tonnes ailleurs), le Ministre d’Etat se bat pour une stratégie d’acquisition temporaire de variétés performantes à l’étranger, accompagnée de transfert de compétences. Le temps n’est plus aux tâtonnements : il faut rattraper rapidement les standards régionaux et continentaux.
Un plaidoyer pour un financement structurant et durable
Avec un portefeuille de projets estimé à 1,6 milliard USD, le discours pointe une faiblesse chronique : le manque de coordination. Il appelle à la création d’un fonds spécifique, pérenne et à gestion autonome pour financer durablement la recherche, la production et la vulgarisation des semences. Ce fonds devrait permettre de garantir un minimum opérationnel mensuel aux centres de recherche et aux structures semencières.
CAPSA et agrément multiplicateurs:
S’inspirant du modèle kenyan, le Ministre propose que les CAPSA supervisent les agréments multiplicateurs, en assurant un encadrement étroit des privés. L’enjeu ici est stratégique : éviter que le secteur ne tombe entre les mains d’intérêts particuliers qui pourraient compromettre la sécurité alimentaire nationale. Le Ministre alerte d’ailleurs sur les risques biologiques de semences incontrôlées, à l’image des dérives observées dans le secteur de la pisciculture.
Son discours était bien plus qu’un simple appel à la coordination institutionnelle. C’est un acte politique fort. En remettant la recherche, la science et la planification stratégique au cœur du développement agricole, le Ministre d’Etat MUHINDO NZANGI Butondo trace une voie ambitieuse et pragmatique. Il rappelle, en substance, que la souveraineté alimentaire est une question de sécurité nationale.
Le Ministre a rappelé la nécessité de différencier les stratégies en fonction des réalités du terrain : une pour les grands producteurs, l’autre pour les petits. Cette approche vise à éviter une cannibalisation du tissu agricole local par les grandes exploitations. L’objectif est clair : faire de l’agriculture un grand pourvoyeur d’emplois tout en garantissant l’inclusion et la résilience des petits exploitants.
Restauration du leadership scientifique et agricole
La feuille de route accorde une place centrale à l’INERA, qu’il qualifie de « colonne vertébrale » de la recherche agricole en RDC. Appelant à une synergie renforcée entre INERA, les universités, les CAPSA, et le SENASEM, le Ministre d’Etat propose un maillage institutionnel cohérent, capable de produire, adapter et certifier des semences de qualité. Cette vision rompt avec les cloisonnements administratifs et met en avant le principe de collégialité gouvernementale.
Dans son speech, le Ministre a rappelé que, Cette initiative s’inscrit dans le prolongement direct de la campagne agricole nationale 2025–2026, lancée par le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, avec pour ambition de « faire de l’agriculture un véritable levier de croissance et de souveraineté alimentaire ».
« Le travail que nous engageons aujourd’hui est le point de départ d’un vaste processus », a souligné le ministre, rappelant que la réforme agricole repose sur cinq piliers fondamentaux définis au niveau stratégique par le Président de la République :
- La refonte du secteur semencier,
- L’accès aux fertilisants,
- La mécanisation agricole,
- La gouvernance et les ressources humaines,
- L’accès aux équipements permanents.
Le patron de l’agriculture au pays, a insisté sur le fait que la République Démocratique du Congo devait développer sa propre stratégie semencière, adaptée à son contexte unique : « Nous ne pouvons pas copier des modèles étrangers. Nos réalités sont différentes. Chez nous, plus de 60% de la population dépend de l’agriculture à petite et moyenne échelle. » a-t-il dit.
RK.