
À l’occasion de l’arrivée du ministre national des Mines dans le territoire de Watsa, la Synergie des exploitants artisanaux d’or des territoires de Watsa et Faradje a profité de cette visite officielle pour adresser un message fort aux autorités nationales et provinciales, exprimant à la fois leur attachement au secteur minier artisanal et leur profonde inquiétude face aux tensions croissantes avec la société Kibali Gold Mine.
Réunis ce dimanche à Watsa, les membres de la Synergie ont d’abord rendu hommage au Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour ses efforts en faveur de la paix et du développement, saluant sa vision centrée sur le slogan : « Le peuple d’abord ». Ils ont également renouvelé leur confiance au gouverneur du Haut-Uele, Jean Bakomito Gambu, en reconnaissant les efforts de développement entrepris dans la province.
Cependant, au-delà des hommages, le cœur du message a porté sur les difficultés majeures rencontrées par les exploitants artisanaux face aux activités de Kibali Gold Mine, l’une des plus grandes sociétés minières du pays opérant dans la région.
L’exploitation artisanale, une activité vitale menacée
Selon la Synergie, l’exploitation artisanale de l’or fait partie intégrante de la vie économique locale, au même titre que l’agriculture ou l’élevage. L’organisation rappelle que cette activité a été légalisée en 1981 par une ordonnance-loi du maréchal Mobutu Sese Seko, et qu’elle constitue aujourd’hui une bouée de sauvetage pour des milliers de jeunes désœuvrés, réduisant ainsi les risques de délinquance et d’instabilité sociale.
Face à cela, les exploitants dénoncent les conséquences néfastes de la présence de Kibali Gold Mine dans leurs territoires : arrestations arbitraires, violences, expulsions, destruction d’équipements, intimidations, marginalisation des autorités coutumières et détérioration du tissu social.
Revendications claires au gouvernement et à Kibali Gold Mine
Dans leur mémorandum, les exploitants artisanaux appellent :
Le gouvernement congolais à :
Faire appliquer les articles 58, 60 et 61 de la Constitution garantissant l’accès équitable aux ressources nationales, le respect des droits de l’homme et la protection des libertés fondamentales, même en temps de crise ;
Rompre avec le « copinage » ou toute forme de favoritisme envers Kibali Gold Mine, afin de préserver la neutralité de l’État.
La société Kibali Gold Mine à :
Cesser les menaces et violences contre les exploitants artisanaux ;
Autoriser les orpailleurs à travailler dans les zones non exploitées du périmètre minier, comme le prévoit la réglementation (30 mètres de profondeur maximum pour l’exploitation artisanale) ;
S’inspirer de modèles de cohabitation pacifique observés dans d’autres provinces minières du pays (Lualaba, Katanga, Ituri, etc.) ;
Reconnaître que les terres qu’elle exploite sont les terres ancestrales des populations locales, qui ont toujours vécu de l’orpaillage.
Un appel à la paix et à la cohabitation pacifique
Enfin,les exploitants artisanaux lancent un appel urgent à la recherche de solutions durables. Ils affirment ne pas s’opposer à la présence de l’entreprise, mais exigent que leur droit de vivre de leur métier soit respecté, dans un esprit de paix, de justice et de collaboration.
« Qu’avons-nous fait à Kibali pour mériter autant de souffrances ? », s’interrogent-ils dans leur déclaration.
La Synergie espère que la visite du ministre marquera un tournant dans la gestion des tensions entre les communautés locales et la société minière, pour une exploitation des ressources qui profite réellement aux populations.
Roméo Patient