C’est un véritable S.O.S lancé par les syndicats représentatifs de près de 600 employés de cette société minière congolaise qui craignent de se retrouver un jour dans la rue si rien n’est fait pour une relance effective de l’entreprise publique. Pour eux, Ia situation actuelle de la Gécamines est préoccupante. Ils en veulent pour preuve la forte diminution de la production et la gestion opaque de cette société sur laquelle reposait l’espoir de toute la Nation vers les années 1980. Outre le cumul des mandats par l’actuel Directeur général, ce dernier est accusé de ruiner l’entreprise à travers des contrats léonins qui ne profitent ni à la Société ni à l’Etat congolais. D’où le cri d’alarme des Syndicats représentatifs qui demandent au Président de la République de nommer de nouveaux dirigeants à la tête de la Gécamines. Ce qui permettra d’éviter éviter l’irréparable. D’emblée, il importe de comprendre l’objet social de la Générale des Carrières et des Mines, cette société commerciale de droit privé détenue à 100% par l’Etat congolais. Selon ses statuts, la Gécamines s’occupe de la recherche et la prospection minière, l’exploitation des réserves minières; du traitement et de la transformation des substances minérales et de la commercialisation des métaux. Il y a quelques décennies, cette entreprise minière pouvait produire 450.000 tonnes de cuivre par an. Ce qui a fait d’elle le grenier économique du pays à l’époque. Lors de leur réunion extraordinaire tenue à Lubumbashi le 2 septembre 2024, les responsables des Syndicats représentatifs de la Gécamines avaient examiné la situation actuelle de cette société commerciale. Ils ont constaté avec amertume une descente aux enfers de ce gigantesque monument qui faisait jadis la fierté de la République Démocratique du Congo. « Certes, la situation de la Gécamines n’est pas rassurante depuis près d’une décennie. Mais elle s’est empirée depuis la nomination de l’actuel Comité directeur à la tête de cette Entreprise publique de l’Etat », murmurent trois Cadres de ce gigantesque minier qui ont requis l’anonymat.
De janvier 2024 au mois de septembre dernier, la Générale des Carrières et des Mines n’a produit que 795 tonnes de cuivre. Et pourtant, les entreprises privées en joint-venture avec elle ont un bilan satisfaisant. Pour la même période par exemple, HAUCHIN a produit 2527 tonnes et MIKAS 1711 tonnes du même métal. Malgré cette faible production, la Direction générale dépense des millions de dollars américains même le mois au cours duquel l’entreprise n’a rien produit. Rien que pour le fonctionnement, les dépenses mensuelles atteignent en moyenne 2 millions de dollars américains. Une bonne partie des ressources financières est gaspillée à travers certains contrats léonins dont celle liant cette société commerciale à l’agence Malabar. Le contrat Gécamines-Malabar a fait perdre à ce géant minier plus de 9 millions de dollars américains en seulement deux ans. Tous ces frais ont été utilisés pour la location des véhicules, l’affrètement des avions, le logement, bref l’organisation des missions de service de Staffs dirigeants et agents de cette entreprise par son partenaire Malabar. Selon l’esprit du contrat signé entre les deux parties le 1avril 2023, Malabar s’était engagé à s’assurer que les tierces parties fournisseurs des services, tels que les compagnies aériennes, les hôtels ou les sociétés de location de véhicule ou autres fournisseurs de biens ou services sélectionnés par cette agence de voyage (Malabar) fournissent des services de haute qualité. Alors que la Gécamines a la possibilité de s’acheter elle-même ses propres véhicules, la Direction saigne les caisses de cette entreprise en payant cher les frais de location des engins roulants lors de ses missions de service. Il s’agit d’un contrat léonin, qui, frise la volonté manifeste de mettre à genou, de manière expresse, cette entreprise publique dont le passé est florissant.
Les efforts de relance couronnés d’échec
Les différents syndicats représentatifs œuvrant au sein de la Gécamines disent constater amèrement que la relance tant souhaitée aussi bien par les employés que par le Gouvernement congolais semble la cadette des préoccupations des actuels dirigeants de cette société minière. Il s’observe un échec total de tous les efforts fournis pour la réorganisation de l’Entreprise amorcée depuis plusieurs années avec le concours des cabinets internationaux, lit-on dans la déclaration ayant clôturé la réunion du 2 septembre 2024. Il y a péril à demeure, alerte un autre agent visiblement incertain de son avenir professionnel. Tout comme les syndicats représentatifs, des dizaines d’employés contactés plaident pour la nomination des dirigeants soucieux de l’avenir de la Gécamines. Nos sources parlent d’une situation alarmante accentuée par l’absence d’une gestion transparente. « Les agents sont mal payés, et des concessions de la Gécamines sont abusivement cédées à des particuliers. A cela s’ajoutent l’absence prolongée des dirigeants de la société à Lubumbashi, siège de la Gécamines. Ce qui fait croire que la Gécamines est gérée, sur tous les plans, par des responsables des sociétés privées », s’indigne monsieur M., Cadre au sein de cette entreprise publique.
En fait, l’actuel Directeur Général de la Gécamines, jouissant d’un double mandat peut ne pas avoir le temps de consacrer toute son énergie et toute son intelligence pour le redressement de cette entreprise. Monsieur Placide Nkala Basadilua a été nommé le 20 août 2024, par ordonnance présidentielle, Membre du Conseil d’administration de la société PRIMERA GOLD DRC SA. Depuis sa notification intervenue six jours après par le truchement du Ministre du Portefeuille, monsieur Placide Nkala combine à la fois les deux fonctions pourtant incompatibles. Ce, en violation des dispositions de l’article 15 de la loi N0 O8/010 du 7 juillet 2008 fixant les règles relatives à l’organisation et à la gestion du Portefeuille de l’Etat. Cet article stipule que « nul ne peut détenir à la fois plus d’un mandat dans les entreprises du Portefeuille de l’Etat ».
Par ailleurs, les syndicats représentatifs du géant minier saluent l’adoption du dossier relatif au profil du mandataire public présenté par l’actuel Ministre du Portefeuille au Conseil des Ministres du 30 août 2024. Outre les compétences particulières et spécifiques devant permettre tout mandataire d’assumer avec professionnalisme et discernement les fonctions lui confiées, cette décision interdit le cumul des mandats. C’est ainsi que les syndicats représentatifs exhortent le Chef de l’Etat d’examiner avec diligence la situation de la Gécamines en vue d’y affecter des dirigeants capables d’assurer sa relance tant attendue par lui-même et l’ensemble du Peuple congolais. Ils appellent au soutien du Premier citoyen congolais afin de rendre la Gécamines compétitive sur le plan national et international. Au regard de la situation actuelle alarmante de ce géant minier, l’intervention personnelle du Chef de l’Etat, soucieux de la relance de toutes les entreprises du Portefeuille s’avère une urgence. Tous nos efforts pour joindre le Directeur Général pour avoir sa version des faits n’ont pas abouti. Toutefois, l’un de ses proches collaborateurs parle d’une dramatisation de la part des syndicats représentatifs.
La Cloche RDC.