
Par Jean-Louis Bangobea SIKU
Coordonnateur provincial d’Ensemble pour la République / Haut-Uele
Depuis son élection à la tête du bureau de l’Assemblée provinciale du Haut-Uele, Justin ZAMBA suscite de nombreuses interrogations. Parmi elles, une question revient avec insistance dans les milieux politiques et au sein de la société civile : le président de l’organe délibérant est-il devenu de facto le deuxième vice-gouverneur de la province ?
La question, provocatrice en apparence, cache une inquiétude bien réelle : celle d’un glissement progressif de la fonction législative vers une posture de connivence silencieuse avec l’exécutif provincial. Une attitude aux antipodes des attentes citoyennes dans une province marquée par des défis criants en matière de gouvernance, de transparence, et de développement.
Une Assemblée absente ou complaisante ?
Dans d’autres provinces de la République, les Assemblées provinciales jouent pleinement leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale. À Haut-Uele, ce rôle semble avoir été relégué au second plan. Le bureau dirigé par ZAMBA se distingue davantage par son silence que par ses actions concrètes. Ni interpellations majeures, ni commissions d’enquête dignes de ce nom, ni prises de position fortes face aux multiples alertes lancées par la population, la société civile, et même des députés provinciaux eux-mêmes.
Ce silence assourdissant pose problème. Il devient d’autant plus préoccupant dans un contexte où le détournement, l’opacité dans la gestion de la chose publique et les jeux d’intérêts personnels prennent le pas sur le service à la communauté.
Une province en souffrance, un leadership en retrait
Le Haut-Uele est aujourd’hui l’une des provinces les plus enclavées et appauvries de la RDC, malgré ses immenses ressources naturelles. L’or de Watsa, Dungu et Wamba coule à flots… mais sans jamais irriguer le développement local. Les promesses d’infrastructures ne vivent que dans les discours, pendant que sur le terrain, le désespoir gagne du terrain.
Le peuple du Haut-Uele attendait de l’Assemblée provinciale un contre-pouvoir crédible. Au lieu de cela, elle observe une proximité troublante entre son président et l’exécutif dirigé par Jean BAKOMITO. Une proximité qui frise la complicité, surtout au vu du mutisme persistant du bureau ZAMBA sur des dossiers aussi graves que l’affectation douteuse des recettes provinciales, la gouvernance par réseaux sociaux, ou encore les détournements présumés.
La neutralité du législatif en question
Dans une démocratie fonctionnelle, on ne peut être juge et partie. Or, à force de ne rien dire, de ne rien faire, le président ZAMBA donne l’impression de servir davantage les intérêts de l’exécutif que ceux du peuple. Il appartient désormais à lui et à l’ensemble du bureau de clarifier sa position : être du côté du peuple et exercer le contrôle législatif avec rigueur, ou rester dans l’ombre du gouverneur, quitte à entacher la crédibilité de toute l’Assemblée.
Le Haut-Uele ne peut plus se permettre ce jeu de cache-cache institutionnel. La population a besoin de réponses, de résultats, d’un vrai leadership parlementaire. Si le président ZAMBA veut honorer le mandat que le peuple lui a confié, il doit rompre avec le silence et se repositionner clairement dans le camp de la redevabilité et de l’intérêt général.
La démocratie locale ne survivra pas à la complicité passive. Il est temps de choisir.