
Comme chaque année depuis 34 ans, la campagne internationale des « 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » a démarré le 25 novembre 2025, coïncidant avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle se poursuivra jusqu’au 10 décembre, date marquant la Journée des droits humains.
Une campagne mondiale pour un combat local
Au Nord-Kivu, dans la ville de Beni, plus de 500 personnes, dont une centaine d’hommes, ont été sensibilisées par la MONUSCO/Section du Genre et des associations féminines locales. L’objectif : dénoncer les abus et violences subis par les femmes afin de décourager cette pratique.
« Pour les victimes des violences sexuelles et celles basées sur le Genre, la journée d’aujourd’hui représente un jour mémorable où on les appelle à ne pas se taire, à hausser la voix et à dénoncer toutes les bavures, toutes les violences qu’elles subissent afin de prévenir d’autres violences envers d’autres personnes », a ainsi déclaré Kahindo Safi Mughole, de la Dynamique des Femmes Juristes de Beni.
Violences numériques : un défi émergent
Emery Chibi, de la Section du Genre de la MONUSCO/Beni, a insisté sur le rôle des hommes :
« Cette campagne des 16 jours de lutte contre les Violences Basées sur le Genre n’est pas limitative, mais un nouveau départ pour un monde sans discriminations faites aux femmes et aux filles. Les hommes ont le devoir de s’impliquer dans le combat des femmes pour leurs droits, c’est ça la Masculinité positive. »
Avec l’essor des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, les violences contre les femmes prennent une forme numérique : intimidations, chantage, exposition de nudité sur les réseaux sociaux. Le thème international 2025 est clair :
*« UNIR pour mettre fin à la violence numérique * l’égard de toutes les femmes et filles ! »*
C’est pourquoi, en Ituri, des femmes, avec le soutien de la MONUSCO, s’engagent à faire du numérique un outil de paix et de dignité.
« Il est urgent d’unir nos efforts pour lutter collectivement contre ces nouvelles formes de violences émergentes à travers des actions de sensibilisation notamment sur la nouvelle loi sur le numérique et la lutte contre l’impunité de ces violences », reconnait Alain Rubenga de la Section du Genre MONUSCO/Bunia.
Depuis janvier 2025, plus de 27 360 cas de violences basées sur le genre ont été documentés en Ituri, selon la Division provinciale du Genre, Famille et Enfant (DGFE). « Les victimes sont de tous âges et de tous sexes : garçons, filles, jeunes adultes et personnes âgées. Aucun groupe n’est épargné », reconnait-on à la DGFE Ituri.
Que fait la MONUSCO ?
La MONUSCO agit sur plusieurs fronts :
• Prévention et protection : sensibilisation des communautés, formation des forces de sécurité.
• Organisation de patrouilles de sécurisation dans les zones à risque pour protéger les civils et soutenir le retour des populations déplacées.
• Assistance judiciaire : appui à la justice civile et militaire, organisation d’audiences foraines.
• Autonomisation des femmes : projets à impact rapide (QIP), réhabilitation d’écoles, accès à l’eau potable, activités génératrices de revenus…
• Promotion de la masculinité positive : implication des hommes civils et en uniformes.
• Tolérance zéro contre l’exploitation et les abus sexuels commis par certains agents du personnel onusien
• Construction de Maisons de Femmes (Getty, Mambasa).
• Organisation de formations en métiers et activités génératrices de revenus pour les victimes.
• Construction de forages et adductions d’eau potable dans des villages comme à Kilya, à Paida dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, où la Mission onusienne a par ailleurs construit des bâtiments pour abriter des services de l’Etat ayant l’encadrement des femmes, des jeunes et leurs associations dans leurs attributions. Les cas d’Oicha et Mutwanga.
Des résultats encourageants
Ces efforts ont permis :
• Une baisse progressive des violences sexuelles dans les zones pacifiées.
• Une augmentation du nombre de femmes dans l’armée et la police.
• Une meilleure acceptation de l’égalité de Genres.
• La diminution des « arrangements à l’amiable » dans des communautés en cas de violences contre les jeunes filles
• La scolarisation accruep des filles, car comme l’a dit une activiste des droits des femmes, « une femme scolarisée et autonome est mieux armée pour lutter contre les violences sexuelles et celles basées sur le Genre ».
• Des initiatives économiques, comme la fabrication de savon par des femmes déplacées à Rhoe et Drodro.
Pour vaincre ce fléau, il convient de noter, selon les observateurs, que la lutte doit être collective, multisectorielle, avec une forte implication des leaders communautaires.
Rédaction
