Un retour médiatique inattendu
Dans un moment politique particulièrement tendu, alors que ses immunités parlementaires viennent d’être levées, l’ancien sénateur à vie et ancien président de la République, Joseph Kabila Kabange, a rompu un silence médiatique de plus de six ans, C’était ce vendredi 23 Mai soir à Goma, dans la province du Nord-Kivu. Son discours, diffusé en direct sur plusieurs chaînes , a surpris par sa fermeté, son ton grave et des propositions concrètes.
Une défense vigoureuse face aux accusations
Ce retour intervient au lendemain de la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat, suite à de graves accusations de trahison et de soutien présumé au M23. Dans une allocution d’environ quarante minutes, (40min) Joseph Kabila a rejeté catégoriquement ces allégations, qualifiées de « fabrications politiques ». Il a dénoncé une justice instrumentalisée par le régime et évoqué un climat de chasse aux sorcières contre les figures de l’ancien régime.
Un discours sobre, une onde de choc nationale
S’exprimant dans un style à la fois sobre et déterminé, l’ancien président Joseph Kabila, désormais ancien sénateur à vie également, a surpris l’opinion ce 23 mai 2025 en prononçant un discours solennel à Goma, ville symbole des douleurs du pays.
« Ce pays ne nous appartient pas individuellement. Il est la propriété du peuple. Le temps est venu de rebâtir, et cela exige du courage. »
Un message à forte charge émotionnelle et politique, lancé devant un parterre attentif, dans une ville encore marquée par les conflits. En choisissant Goma comme point de départ de ce qui s’apparente à un retour progressif sur la scène politique, Kabila montre une volonté de s’ancrer dans les enjeux sécuritaires et sociaux du pays.
Une réaction immédiate et polarisée
La classe politique n’a pas tardé à réagir. Le Front Commun pour le Congo (FCC), formation proche de l’ancien président, a salué un discours « d’unité et de responsabilité », qu’elle juge salvateur dans un contexte de crises multiples.
Au-delà de sa propre défense, Kabila a révélé un « Pacte Citoyen » en douze points, présenté comme une base pour un « sursaut national », face à ce qu’il considère comme « l’effondrement de l’État ».
Ce pacte appelle notamment à :
- Le retrait immédiat des troupes étrangères du territoire congolais ;
- Une réforme en profondeur des institutions régaliennes (armée, police, justice) ;
- La tenue d’un recensement général avant toute future élection ;
- L’organisation d’un dialogue national inclusif, au-delà des clivages politiques ;
- La restitution du pouvoir au peuple, via des mécanismes de démocratie directe et locale.
Selon lui, ce pacte s’adresse à chaque citoyen congolais, et non seulement à la classe politique, affirmant qu’il vise à reprendre le destin national en main.
Un discours aux airs de mobilisation
Même s’il n’a pas officiellement annoncé son retour sur la scène électorale, le discours de Joseph Kabila porte clairement les marques d’un appel à la mobilisation nationale.
Un pacte citoyen ou un calcul politique ?
Par ce discours, Joseph Kabila semble vouloir se repositionner comme figure de réconciliation. Il évoque un « pacte citoyen » et parle d’avenir collectif. Mais dans un paysage politique aussi tendu que celui de la RDC, sa démarche soulève autant de doutes que d’espoirs.
L’ampleur de l’adhésion populaire à cet appel – ou son rejet – pourrait conditionner une nouvelle phase de la vie politique congolaise.
Par Costa Ambana.