
Un climat de tension s’installe entre la chefferie Mondo Missa et l’administration du Parc National de la Garamba (PNG), suite à l’exclusion des représentants coutumiers de la réunion stratégique tenue le 15 octobre dernier à Nagero. Dans une lettre ouverte adressée au Directeur général du PNG dont une copie est parvenue à la rédaction de la clocherdc.net ce Samedi 18 Octobre 2025, les notables de cette chefferie dénoncent une marginalisation qu’ils jugent délibérée et attentatoire à leur statut historique et social.
Selon les signataires de la lettre, la rencontre portait sur la présentation des grandes lignes du projet 2026 et devait constituer une étape majeure de consultation communautaire. Cependant, aucune invitation ni possibilité de prise de parole n’a été offerte aux leaders traditionnels Mondo Missa. Une situation que ces derniers perçoivent comme une entorse grave aux principes de participation et de respect des structures coutumières.
« Ce comportement constitue une atteinte grave à notre dignité, à notre statut coutumier et à l’esprit de collaboration que vous prétendez promouvoir », peut-on lire dans la missive. La chefferie rappelle son rôle essentiel dans la gouvernance locale et la préservation de la coexistence pacifique entre les populations riveraines et les autorités du parc.
Par ailleurs, la lettre accuse l’administration du PNG de tentatives de division au sein de la communauté, notamment par la mise en avant de certains leaders au détriment de l’intérêt collectif. Un climat de « méfiance et de manipulation » qui, selon les notables, sape les fondements d’une gestion participative durable du parc.
Face à cette situation, la chefferie Mondo Missa formule une série d’exigences claires :
- La reconnaissance officielle de son rôle en tant que partenaire légitime dans les processus de gouvernance du PNG ;
- L’intégration de ses préoccupations dans le cahier des charges en cours de préparation ;
- Le départ immédiat du responsable de la conservation communautaire, accusé d’inefficacité et de propos séparatistes ;
- La suspension de toutes les activités du parc sur le territoire de la chefferie, en attendant l’adoption concertée du cahier des charges.
Cette crise relance les débats sur la légitimité, la représentativité et la transparence dans la gestion des aires protégées en République Démocratique du Congo. Alors que le PNG affirme promouvoir une approche communautaire, cette affaire révèle des failles dans l’inclusivité du processus.
L’administration du PNG n’a, pour l’heure, pas encore réagi publiquement à cette protestation. Mais les observateurs estiment qu’un dialogue franc et équitable reste la seule voie pour éviter une escalade qui pourrait nuire à la conservation, à la paix sociale et à la cohésion communautaire dans cette zone sensible.
Affaire à suivre.
Roméo Patient Lokana