
Le ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire concernant la gestion opaque de la Banque centrale du Congo (BCC) et de la Gécamines, suite à un rapport accablant de l’Inspection générale des finances (IGF).
Selon les conclusions de l’IGF, entre 2012 et 2020, la Gécamines aurait effectué des avances fiscales totalisant 315 millions de dollars, des fonds que l’IGF n’a pas pu retracer. De plus, des retraits en espèces significatifs ont été effectués sans justification claire.
Par exemple, en 2018, près de 16 millions de dollars ont été retirés d’un compte de la BCC logé à la Rawbank par un directeur de l’institution financière pour des dépenses de « souveraineté », sur la base d’un simple ordre verbal de la présidence. Un autre directeur a retiré près de 10 millions de dollars en espèces. Lors de son audition par l’IGF en mars 2021, Deogratias Mutombo, alors gouverneur de la BCC, a affirmé que ces fonds avaient été déposés à la résidence de l’ancien président Joseph Kabila.
En réponse à ces révélations, le ministre de la Justice a transmis des mandats d’arrêt internationaux pour appréhender les personnes impliquées dans ces détournements de fonds publics. Il est à noter que l’ancien gouverneur de la BCC et l’ancien directeur de la Gécamines avaient déjà été interdits de sortie du territoire à la demande du président de la Cour des comptes. Cependant, cette mesure avait été annulée par le Conseil d’État pour vice de procédure, estimant que le président de la Cour des comptes avait outrepassé ses prérogatives légales.
Par ailleurs, la Coalition “Le Congo n’est pas à vendre” (CNPAV) a déposé, le 8 décembre 2023, trois dossiers de dénonciation auprès du Procureur Général près la Cour de Cassation de la RDC. Ces dossiers concernent des allégations de corruption, de blanchiment d’argent et de détournement de fonds publics impliquant les entreprises EGAL, Congo Construction Company (CCC) et la Gécamines. Le CNPAV appelle à l’ouverture d’enquêtes pénales et à la restitution des biens acquis de manière illicite au détriment de la population congolaise.
La rédaction