Depuis un certain temps, les rebelles du M23 seraient à l’épuisement. Près de trois ans, c’est trop long pour des guerriers se trouvant loin de leurs bases-arrières, qu’ils continuent de camoufler loin des radars officiels. Ils seraient, ainsi, en carrence sur toutes les lignes: carrence en hommes, en matériels, en armes et munitions ; même en ration alimentaire. Leurs failles seraient là, visibles, entre autres. Pourtant, ils ne lâchent pas prise et ne veulent pas étaler, au grand jour, leur défectuosité. Cet hiatus qui servirait de passage à leur propre destruction.
Pour l’éviter en y remédiant plus ou moins bien, les stratèges rebelles cherchent, à tout prix, des solutions idoines. Ces jours, par exemple, leurs hommes manquent de nourriture. Difficile de mener la guerre ventre creux. Ce qui les pousse à se rabattre sur la pauvre population d’agriculteurs. C’est ce que dénonce vigoureusement un des notables de Rutshuru, Aimé Mbusa Mukanda.
“Nous condamnons cette vilaine attitude du M23 et ses alliés RDF. Ils s’emploient à confisquer plusieurs hectares de champs, notamment à Kiwanja et à Bambo. Les paysans sont interdits d’aller récolter leurs produits agricoles ; ils sont chassés. Ceux qui restent sont tout simplement portés disparus ou sommairement exécutés, sans aucune forme de procès”, lance-t-il avec un ton inquiètant.
Cette information est confirmée par la Société civile de cette entité en proie d’insécurité.
“Ça fait la deuxième saison culturale qu’ils font ça. Les victimes n’ont nulle part où se plaindre. Toutes les autorités sont, dorénavant, d’obédience rebelle. On n’a nulle part où porter plainte car, pendant que nous on grince les dents pour avoir perdu nos récoltes, tout à côté, d’autres jubilent car on leur apporte le butin de guerre“, renseigne-t-elle.
Les conséquences immédiates profilent à l’horizon. Un spécialiste de la zone en fait ces quelques révélations: “une fois pillés, ils amènent les produits au Rwanda et en Ouganda pour la vente, afin de renflouer leur caisse de guerre. Une autre partie de la récolte est gardée sur place pour nourrir leurs combattants. Et, très bientôt, l’on va assister à ce phénomène social par lequel les habitants se trouveront plongés dans une situation d’appauvrissement de plus en plus profond. C’est la paupérisation à la porte et, toutes ces populations de Goma n’en seront pas non plus épargnées car elles sont alimentées par ces régions rurales occupées et envahies”.
Ce pillage des récoltes de la population par ce mouvement terroriste, en Territoire de Rutshuru, intervient quelques jours seulement après le phénomène des vaches ravageuses des champs de Kisigari et Bweza ; avec d’autres entités environnantes comme Kazuba, Kako, Buhuri, Biruma, Ntamugenga, Kivunge et Katale.
Rochereau Kighoma