
L’efficacité de la gouvernance provinciale repose sur une interaction saine et équilibrée entre les institutions provinciales, en particulier entre l’Assemblée provinciale et le Gouvernement provincial. Pourtant, dans plusieurs provinces de la RDC, cet équilibre semble fragilisé par un dysfonctionnement croissant : le refus ou l’évitement des contrôles parlementaires par certains Gouverneurs. C’est ce que dénonce Jacques SANGBA, député provincial du territoire de Rungu, dans la province du Haut-Uele.
Présent à Kinshasa lors d’un atelier de réflexion sur la stabilité institutionnelle en provinces, rassemblant Gouverneurs, vice-gouverneurs et membres des bureaux des Assemblées provinciales des 26 provinces du pays, le député Jacques SANGBA n’a pas mâché ses mots. Pour lui, le constat est clair : « Une fois élus, beaucoup de Gouverneurs se détachent de l’Assemblée provinciale et agissent en dehors de tout contrôle. C’est une dérive qui affaiblit notre démocratie locale et empêche un réel développement de nos provinces. »
Une gouvernance à sens unique ?
Le député pointe du doigt une pratique de plus en plus courante : le refus de collaborer avec l’organe délibérant, voire le mépris manifeste des prérogatives de celui-ci. Cette attitude empêche les députés de jouer pleinement leur rôle de représentants du peuple et de garants de la bonne gestion des affaires provinciales.
Selon Jacques SANGBA, le contrôle parlementaire est l’unique levier institutionnel qui permet à l’Assemblée provinciale de suivre et d’évaluer l’action du Gouvernement provincial. Sans ce mécanisme, il devient difficile de garantir la transparence dans la gestion des finances publiques, de veiller à l’application des politiques publiques, ou encore de protéger les intérêts des citoyens.
Un appel à la réforme et à la responsabilité
L’intervention du député de Rungu s’inscrit dans un contexte où les tensions entre exécutifs provinciaux et organes délibérants sont récurrentes. Dans plusieurs provinces, ces tensions débouchent sur des crises institutionnelles, des motions de défiance, voire des blocages dans l’exécution du budget et des projets de développement.
Pour prévenir ces situations, Jacques SANGBA appelle à un renforcement du cadre légal et institutionnel encadrant les relations entre Assemblées provinciales et Gouverneurs. Il plaide également pour une plus grande responsabilisation des Gouverneurs dans le respect de la Constitution et des lois de la République.
« Il est temps que les Gouverneurs comprennent qu’ils ne sont pas des monarques dans leurs provinces. Ils sont redevables devant les représentants du peuple. Le développement passe par la redevabilité et le respect des institutions », martèle le député.
Une prise de conscience nationale ?
L’atelier de Kinshasa a été l’occasion d’un rare moment de dialogue entre les différents acteurs institutionnels provinciaux. Il reste à savoir si les recommandations issues de cette rencontre permettront de rétablir une collaboration harmonieuse et respectueuse entre Assemblées et Gouverneurs.
Dans tous les cas, la sortie de Jacques SANGBA résonne comme un cri d’alerte face à une pratique qui risque de compromettre l’avenir des provinces si rien n’est fait.
Alain Panguimo journaliste de la radio Top Congo avec la clocherdc.net.