Le pont Kibali, jeté sur la rivière éponyme situé en province du Haut-Uele dans le territoire de Watsa, s’était effondré depuis le mois de février dernier des suites d’excès de tonnage exigé pour le transport des marchandises par des véhicules poids lourds.
Dans la foulée, le gouvernement n’avait pas tardé à entamer sa reconstruction sur fonds propres. Pour l’accomplissement des travaux, exceptée l’enveloppe du gouvernement central qui avait en plus fourni les matériels, l’on avait puisé une partie du fonds dans la gibecière de l’Organisme Spécialisé de Gestion de la Dotation Kibali (OSG-DOT Kibali), ce service public qui finance les projets du développement communautaire en faveur de la population affectée par l’exploitation aurifère industrielle de la société Kibali Gold Mine en vertu du Code minier. C’est l’Office des routes, une entreprise du portefeuille étatique, qui a été choisi pour l’exécution des travaux.
Entretemps, les bacs en bois des associations et sociétés congolaises et le seul en métal appartenant aux chinois avaient supplée le transport des personnes et de leurs biens. Hélas ! Depuis lors, plus de vingt personnes ont péri par naufrages à cause du mauvais courant d’eau dû à la saison pluvieuse mais surtout du surpoids des marchandises qu’ils transportent. Le dernier cas en date est le naufrage d’une pirogue qui vient de coûter la vie à plus ou moins cinq personnes ce samedi 7 septembre aux premières heures du matin.
La fin des travaux et la remise, prévues pour un délai d’exécution de trois mois au départ, l’Office des routes a largement dépassé le timing lui imparti. Il va de report en report. Pourtant, son Directeur général, lors de la dernière visite du chantier par le vice-gouverneur de la province du Hat-Uele, avait rassuré que les travaux sont déjà effectués à plus de 75% et avait sollicité une période de grâce d’un mois pour le parachèvement. À ce jour, ce délai est encore très largement dépassé.
La population et les structures de la société civile voient une complicité des parties prenantes au contrat qui orchestrent la lenteur pour leurs intérêts individuels au grand dam des usagers qui peinent à se mouvoir et à transporter leurs biens depuis l’effondrement de cet outil d’une importance économique indéniable. Cette hypothèse semble de plus en plus se conforter étant donné qu’aucune volonté n’est manifestée pour un finissage rapide de l’ouvrage.
Jusqu’à quand doit-on attendre la remise en état dudit pont ? Les pertes en vies humaines n’interpellent pas assez les décideurs ? Telles sont notamment les questions qui se posent avec acuité et qui ne trouvent jusque-là pas de réponse. La population du territoire de Watsa crie dans le désert !
Par Me Jean Faustin BAFWA K.,
Avocat à la Cour et écrivain.