
Le contrat social élaboré par la plateforme citoyenne Po Na Congo a raflé ses toutes premières signatures le jeudi 07 décembre 2023 à Isiro, la capitale provinciale de la province du Haut-Uele, au nord-est de la République Démocratique du Congo.
Ils s’agit de deux candidats députés du parti politique Ensemble pour la République, l’un à la députation nationale et l’autre à la députation provinciale dans la circonscription électorale d’Isiro ville, qui ont manifesté leur volonté d’apposer leurs signatures sur ce document de la société civile, contenant les attentes de la population de leurs futurs dirigeants après les scrutins combinés du 20 décembre prochain dans le pays.
Paulin Odiane Doune et Hervé Ndute Tongolo, conscients de leurs rôles aux hémicycles des assemblées provinciale et nationale, ont en effet, à travers ce geste prouver leurs engagements à travailler pour l’intérêt de la population si elle leur refait confiance, ont-ils expliqué.
“Je crois que la société civile joue correctement son rôle si elle est réellement celle qui défend les intérêts communautaires de la population. Nous avons parcouru minutieusement ce document, nous avons constaté réellement qu’il était important. Nous voulons que la population contrôle ses élus. Vous savez que dans nos assemblées (nationale et provinciale), la plupart des députés y vont non pas pour travailler, c’est comme ça que même au niveau de notre assemblée nationale vous constaterez que sur 500 députés, seuls environ 50 supportent cette charge. C’est comme ça que nous demandons au peuple de bien suivre le comportement de ses élus pour faire sa volonté. Être de la majorité ou de l’opposition importe moins, car le mandat vient de la population et si nous ne travaillons pas pour son bien-être, il n’a pas donc intérêt à nous donner le pouvoir. Nous sommes très contents de cette démarche de la société civile”, a d’emblée lancé Paulin Odiane devant la presse.
Un sentiment partagé par le candidat à la députation provinciale d’Isiro qui suggère plutôt à Po Na Congo d’intensifier la sensibilisation de la population sur ce cahier des charges, pour éviter des condamnations à tort contre certains, ne sachant même pas le rôle de chacun dans la gestion de la chose publique.
“Si on connaît bien la loi on ne peut que se sentir à l’aise en signant ce document, et c’est ce sentiment qui me motive. Ceci nous renvoie à bien faire notre travail en tant que députés conscients de notre rôle. Cependant, il est important de faire une démarcation entre le rôle du député et du pouvoir exécutif. Ce n’est pas à un député de finir l’insécurité, le chômage, ou il ne lui revient pas non plus de construire les routes, les écoles et consorts, non! C’est plutôt une manière de le conscientiser à jouer pleinement son rôle en poussant l’exécutif (Gouvernement) à lutter contre le chômage, à construire les ponts, les routes, les sources d’eau, à mettre de l’électricité et j’en pense. C’est comme ça que nous demandons à Po Na Congo de conscientiser la population sur la part de responsabilité de chacun. Sinon c’est une bonne initiative qu’un élu conscient de ses prérogatives ne peut se douter d’y mettre sa signature, a souligné de son côté Hervé Ndute Tongolo.
Un rêve qui devient aujourd’hui une réalité se réjouit pour sa part, le point focal de cette organisation de la société civile dans la province du Haut-Uele après ce pari gagné. Il estime que la signature de ce document par ces deux élus et candidats, dénote leur sens élevé de patriotisme et croit en un nouveau tournant vers l’émergence du Congo.
“Depuis que nous avons commencé, c’est aujourd’hui que nous venons de recevoir les premiers qui ont manifesté leur volonté de renouer le lien avec cette population, en signant ce document pour prouver à leur base qu’ils vont porter haut et fort les engagements y contenus. L’idéal n’est pas d’atteindre tout le monde, mais le plus important pour nous c’est de faire signer tous ceux qui ont cette volonté de poursuivre le combat de libérer la population dans le vis. La population a besoin d’être entendue, elle a besoin de voir ses problèmes être résolus, et cela passe par les dirigeants qui ont réellement le souci de voir les choses changer. C’est un acte citoyen que nous avons initié, c’est un contrôle citoyen que nous allons faire. Tous ces dirigeants qui acceptent de signer prouvent en suffisance qu’ils veulent voir les choses changer, c’est ainsi que nous ne pouvons qu’encourager les autres d’emboîter les pas pour sortir notre pays de ce gouffre dans lequel il se trouve actuellement”, a par ailleurs lancé Patrick Awane, point focal Po Na Congo au Haut-Uele.
Il est important de souligner que ce cahier des charges résulte de dernières consultations populaires initiées par le réseau citoyen Po Na Congo dans le cadre de sa campagne dénommée Congo Tolingi en mai 2023. Il a été élaboré en juillet de la même année et accouche d’une vingtaine de recommandations (désidératas) de la population à l’égard de ses futurs dirigeants. Il est donc un guide pour un contrôle citoyen dans le cadre de redevabilité d’un dirigeant envers ses administrés.
Joël Lembakasi