Les victimes des démolitions des maisons à Mège dans la zone d’exclusion B appartenant à la société kibali gold mines située dans le territoire de Watsa province du Haut-Uele sont restées pessimistes aux démarches menées par l’exécutif provincial dans ce dossier.
Ils ont manifesté leur ras-le-bol après un face à face que le gouverneur de la province du Haut-uele Jean Bakomito Gambu a entretenu avec eux ce jeudi 08 août 2024 dans ce village en présence des autorités politico-administratives et des composantes de la société civile venues pour la circonstance.
L’occasion faisant le larron,ces victimes de démolition ne jurent que par le dialogue direct entre la société kibali gold mines et les victimes sous la médiation de l’Etat congolais que le gouverneur représente.
Dans une interview exclusive accordée à la clocherdc.net ce Jeudi 08 Août 2024,le porte parole de ces victimes Pascal Amule a indiqué que la proposition du gouverneur de fournir des nouvelles parcelles et des matériaux de construction pour faciliter leur rélocalisation n’a pas été bien accueillie par les victimes car à l’en croire le cas de Mège ne peut être traité comme le cas de Bandayi. Il insiste que le déguerpissement du village Mège a été opérée avec vice de procédure par la commission chargée de mener l’opération de la demolition des maisons dans la zone d’exclusion B.
« Depuis que nous avions débuté avec les échanges avec le gouverneur on tourne en rond plus rien ne marche,il nous ont proposé 50 Chevrons ,50 tôles et 500$ dollars américains nous ne sommes pas préts, nous voulons le dialogue avec la société kibali gold mines pour notre délocalisation, nous avons tellement confiance à Bakomito,qu’il ne nous déçoive pas en jouant au jeux de l’ennemi» a-t-il déclaré.
Notons que le gouverneur de la province du Haut-Uele, Jean Bakomito Gambu a effectué jeudi 08 Août,une descente de terrain à Mège pour une discussion directe avec cette population vivant dans la zone d’exclusion B. C’est dans le cadre de l’intensification de ses efforts pour résoudre ce vieux conflit opposant les villages Mège et Bandayi à la société kibali gold mines.
Dans la foulée,le patron de l’exécutif provincial a proposé une solution comprenant la fourniture de nouvelles parcelles et de matériaux de construction pour faciliter leur rélocalisation. Il a exhorté les habitants à coopérer avec les autorités et à éviter toute forme de violence,tout en assurant un suivi rigoureux de ce dossier.
Il sied de rappeler que Jean Bakomito Gambu est parmi les parlementaires qui avaient effectué une mission sur la démolition et le déguerpissement de la population dudit village ( Mège) à 2021. Selon le rapport de leur mission menée au lendemain des échauffourées à Durba à cette époque,le déguerpissement du village Mège a été opéré avec vice de procédure sans mise en demeure,ni sensibilisation humanitaires préalable contrairement à celui de Bandayi.
Renouer avec le dialogue
Dans l’optique de garantir la paix sociale la commission des parlementaires avaient formulés plusieurs recommandations tant aux autorités étatiques à tous les échelons, à kibali gold mines, à la société civile qu’à la communauté. Au nombre de ces recommandations figurent notamment,la promotion du respect des lois du pays particulièrement de la législation minière,la délimitation claire et nette des différentes zones et périmètres miniers de kibali gold mines,le renouvellement avec la culture du dialogue et autres.
Des « constructions anarchiques »
Mege est situé sur une partie de la concession minière de KGM appelée « zone B d’exclusion. » Il s’agit d’une partie du périmètre dédiée exclusivement aux activités minières qui n’était pas encore exploitée par l’entreprise. Un gisement aurifère ayant été trouvé dans cette zone, la mine prévoyait d’étendre ses activités hautement lucratives. Mais pour cela, il a fallu détruire les maisons. Cette décision, elle la justifie en évoquant la non-existence officielle du village. « Il s’agissait de constructions anarchiques. Sur une carte vous ne verrez nulle part une circonscription administrative qui répond au nom de Mege », déclare Cyrille Mutombo, le représentant de Barrick Gold Corporation, en RDC.
Cette grande multinationale exploite la mine d’or de Kibali. « Ces gens se sont installés à Mege entre 2015 et 2018 alors que l’État nous avait déjà octroyés la concession. On s’est plaint au gouvernement. Ils ont laissé l’affaire traîner pendant 5 ans. Les autorités ont finalement demandé à ces gens de partir plusieurs fois avant de détruire ces maisons qui étaient là illégalement », explique-t-il.
Pour lui, KGM n’a aucune obligation de les reloger.
C’est là où le bât blesse. Si la KGM a reçu la concession minière en 2009, Pascal Amule affirme s’être installé dans le village en 2005. Il dit y être venu avec son père qui était alors employé de la SOKIMO, une société minière liée à l’État congolais, actionnaire de la KGM et présent dans la région depuis les années 1920.
Selon le code minier en vigueur, si un village se trouve dans la zone d’exploitation, KGM a le devoir d’informer la population, de la reloger et de l’indemniser. Or ici, jusqu’à présent, rien de tout cela n’a été fait. Quelques jours après la démolition du village, une manifestation a fait plusieurs morts à Durba.
Gouverneur interpellé
En gardien des droits et libertés des personnes que de leurs biens en tant que le représentant du chef de l’État dans le Haut-Uele,les victimes du village Mège demandent à Jean Bakomito Gambu de ne pas cracher sur l’État de droits chèrement acquis et consolidé par le président de la République Démocratique du Congo Félix Antoine Tshisekedi tout en insistant sur la nécessité de tenir compte de la dignité humaine à tout prix. La perspective de percevoir une grosse somme d’argent aurait pu précipiter la décision de l’ancien gouvernement provincial dirigé par BASEANE Nangaa de détruire Mège.
Roméo Patient Lokana